Le potentiel communicatif des sacres dans « Sauce brune » de Simon Boudreault
Abstract
Francese | IngleseCette analyse linguistique de l’utilisation des sacres dans la pièce de Simon Boudreault «Sauce brune» qui en compte plus de 2000 accorde une attention particulière à la charge communicative des sacres, à leur contenu émotif, aux modèles de leur emploi que l’on retrouve dans le texte, ainsi qu’à leur productivité dérivationnelle.
Il y a des événements culturels qui unissent autour d’eux la société en éveillant un intérêt sans pareils chez le public. En 2009 et 2010, tout Montréal semblait faire la queue devant les caisses du théâtre Espace libre pour aller voir la pièce Sauce brune écrite et mise en scène par Simon Boudreault. Cette production de Simoniaques Théâtre a connu un succès immense auprès des spectateurs de tous les âges et de toutes les catégories sociales. La première représentation de la pièce a eu lieu le 19 mars 2009 et, suite à deux semaines de salles combles, déjà un an après, elle a été reprise au même théâtre avec la même mise en scène. Des fois on a dû organiser des représentations supplémentaires dans l’après-midi pour que tous ceux qui avaient envie de voir la pièce, puissent le faire. Pendant les cinq semaines que Sauce brune a été à l’affiche du théâtre Espace libre, Montréal a pu voir la pièce une quarantaine de fois et après Montréal, il y a eu une tournée à travers le Québec.
Ce succès remarquable est dû non seulement au sujet de la pièce et au jeu des actrices (d’ailleurs brillants), mais surtout à la langue de l’œuvre : ce n’est pas tout simplement un joual, c’est un joual qui abonde en sacres. Le texte de la pièce en compte plus de 2000 et c’est par les sacres et leurs dérivés que les personnages s’expriment. Mais cela ne signifie pas que Simon Boudreault ait créé une nouvelle langue des oiseaux, il ne fait que se concentrer sur la charge communicative des sacres. Il n’a inventé ni nouveaux sacres ni nouveaux modèles de l’utilisation de ce vocabulaire. Dans la pièce, les sacres sonnent d’une manière facile et naturelle comme cela arrive parfois dans la vie. La seule différence est que ce parfois est omniprésent dans le texte de Sauce brune et il serait vain d’y chercher une phrase sans sacres ou n’en contenant qu’un seul. « Je voulais explorer les limites de la langue, dit Boudreault dans une de ses interviews, notre empêchement à communiquer malgré tous les moyens dont on dispose. »1
Beaucoup de choses dans Sauce brune nous renvoient aux Belles-sœurs de Michel Tremblay dont la langue aussi a été à l’époque innovante pour l’écriture dramatique et a provoqué beaucoup de discussions : les personnages de la pièce sont quatre femmes qui travaillent dans une cantine d’école et tout au cours de l’action elles se parlent de leurs préoccupations, se querellent, ont du fun ou jasent en faisant leur travail. La direction de l’école reçoit une lettre du comité des parents qui reproche à la cantine de servir aux élèves des repas qui ne sont pas assez équilibrés. La chef-cook Armande a peur de perdre son poste et commence à soupçonner ses subalternes de vouloir la compromettre auprès de la direction et de lorgner sa place. C’est autour de ces tristes pensées d’Armande que se déroule l’action de la pièce. Dans les conversations des personnages, on comprend que les quatre femmes sont profondément malheureuses : Armande n’a rien dans sa vie que son travail ; Martine est soumise à la violence constante de la part de son chum Charlot ; Sarah, qui est moche, souffre de sa solitude et des perspectives funèbres de rester vieille fille et Cindy, au contraire, a la réputation d’une femme de mauvaise vie, mais c’est sa façon d’échapper aux problèmes quotidiens. Elles ne trouvent pas de réconfort dans leur travail, puisque celui-ci est dur, ingrat et méprisable. Leur langage est donc l’écho, voire le porte-parole de leurs humbles vies :
On s’traîne jusque chez nous, estie, pis rendues là on est trop vidées pour rien crisser d’autre que d’s’effouèrer devant la crisse de tivi. Nous reste rien qu’ça, ciboire, s’ploguer d’vant la crisse de tivi pour se brasser notre ostie de tête de toués crisses de bords pour être ben certaines qu’on pensera pas trop à toute ça, crisse. […] Pis quand on a réussi à s’étourdir ben comme y faut, estie, on finit par aller s’coucher, crisse, parce qu’on est trop à boutte, trop câlissement vidées, trop vide, ciboire, on est vide, tabarnak. Pis nos osties d’yeux ferment tu seul, avec presque d’la bave qui nous coule su l’menton, crisse. Pis là, on dort pas, câlisse, on s’évanouit, on s’écrase comme une crisse de mouche dans une ostie de vitre de char, pis quand on s’réveille y faut r’venir s’enfermer dans notre câlisse de cuisine. […] Faque c’est ça notre ciboire de trip de tabarnaque de vie ? C’est à ça cibole, c’est à ça que je sers ciboire de crisse ? (114)2
La pièce de Simon Boudreault pousse les Québécois vers une réflexion au sujet de leur langue et de la place des sacres dans la culture nationale. Ceux-ci sont un des symboles de l’identité québécoise et sont mondialement connus pour leur lien avec le vocabulaire de l’église et de la religion, leur diversité et leur productivité.
Dans la plupart des langues européennes, les jurons portent surtout un caractère sexuel ou scatologique. Les jurons québécois sont génétiquement liés avec le lexique de la religion et représentent le résultat de la transposition morphologique des noms des personnages bibliques, des objets qu’on trouve à l’intérieur de l’église et des autres mots qui sont en rapport direct ou indirect avec la religion chrétienne. D’un côté, cette particularité de l’inventaire des jurons québécois est due au fait qu’à l’époque de l’arrivée des premiers Français sur le continent américain, la langue française de France utilisait elle-même certains termes religieux en qualité d’interjections injurieuses et de l’autre, les sacres québécois représentent une sorte de réaction des gens au rôle que l’église catholique a joué dans la société québécoise jusqu’aux années 1960 intervenant dans tous les domaines de la vie politique, sociale et privée. En France, ces mots, en tant que jurons, sont tombés en désuétude, s’étant conservés au Québec qui garde d’ailleurs un nombre considérable des faits linguistiques traités en France comme archaïques, mais dans le cas des sacres il ne s’agit pas tout simplement du résultat du développement isolé de la langue française sur le sol canadien, la vitalité de ces termes s’appuie sur la réalité extralinguistique et ses besoins.
L’œuvre de Simon Boudreault représenterait un instrument précieux pour tous ceux qui voudraient apprendre à sacrer et à blasphémer à la québécoise, puisqu’à côté de nombreuses qualités dramatiques et littéraires de la pièce qui feraient l’objet d’une étude à part, Sauce brune est aussi un ouvrage linguistique, une vraie anthologie du sacre et des modèles de son emploi dans la langue québécoise d’aujourd’hui, une sorte d’encyclopédie du sacrage. Boudreault dit que « ça ne se peut pas, mettre autant de sacres dans une phrase, dans la vie. »3 Mais cette artificialité de la langue de l’œuvre ne concerne que le côté quantitatif du sacre, tous les jurons dans le texte remplissent les fonctions qui leur sont propres dans la langue.
L’inventaire des sacres dans la pièce est relativement limité et comprend les sacres de base tels que ostie, crisse, câlisse, viarge, ciboire et sa variante cibole, sacrament et, bien sûr, tabarnak. On ne trouve pas dans l’œuvre ces dizaines de variations (sauf cibole) que chaque sacre reçoit au Québec par aphérèse et apocope, affixation fantaisiste, paronymie, télescopage et permutation4 pour éloigner phonétiquement le sacre du terme religieux ou pour l’adoucir en transformant, par exemple, tabarnak en tabarchière, tabarnache, tabarnique, tabarnouche, tabarouette, tableau, etc5. L’auteur a sélectionné pour la pièce les sacres les plus courants constituant l’abc du juron québécois.
Chaque personnage a un répertoire personnel de sacres, ce qui reflète cette aptitude du sacre de servir de moyen d’autoidentification d’un individu remarquée par Gilles Charest :
Si on se place au niveau de l’individu, nous percevons sans peine l’acte de possession ainsi que le désir d’identification ou d’affirmation que le sacreur pose. Rares sont les gens dont le sacre soit un simple juron. [...] L’homme fait un choix et exploite personnellement cette limitation qu’il s’impose. Ainsi, il est exceptionnel de rencontrer un habitué du « sacre » qui emploie une pluralité de termes : « Moi, mon sacre, c’est sacrament. » [...] Pratiquement, le sacreur n’utilise que très rarement un sacre autre que le sien.6
Il est curieux que le principal juron québécois, tabarnak, le plus expressif et le plus connu, soit réservé dans la pièce à la chef-cook Armande : « Sacrament Sarah, c’tu toé la tabarnaque de chef-cook icitte ? Parce que si c’est toé qui est devenue la tabarnaque de chef-cook, j’aimerais ça le savoir en tabarnak. Han ? C’tu toi tabarnak ? » (38-39) Ses subalternes osent le prononcer seulement en absence d’Armande.
Le sacre est une interjection et, comme toutes les interjections, il sert à transmettre une émotion sans la nommer. Le spectre des émotions exprimées par des sacres dans Sauce brune, ainsi que dans la vie, lorsque ceux-ci remplissent leur fonction interjective, est assez large. Cela peut être la colère : « Les osties qu’y ont juste ça à crisser, aller perdre leur temps à faire chier le monde avec l’ostie de comité d’osties d’parents parce qu’y ont pas de vie, sacrament7, ben moé, je leur dis : Get a life, tabarnak ! » (30) ; l’irritation : « Comment ça, c’pas ça des cannibales, crisse ? — Un cannibale, cibole, c’est quelqu’un qui mange des hommes. — Han ? Quessé tu m’chies là toé, tabarnak ? — J’te raconte c’est quoi un ostie d’cannibale, ciboire. » (24) ; l’insatisfaction : « Ouan... s’cuse-moé, Armande, crisse, j’pensais pas arriver en r’tard. » (50) ; la déception : « Après avoir regardé ça, j’me suis dit que finalement, estie, c’tait pas si beau qu’ça une crisse de fleur. » (86) ; le mécontentement général : « Y nous r’gardent comme si on était pas là, câlisse. Comme si on était des crisses de machines qui leur donnent quessé qui veulent bouffer. » (62) ; la surprise : « Voyons, Marti, câlisse, tu parles tu seule ? » (59) et même les émotions positives comme la joie : « Ben bonne fête Sarah, sacrament ! […] Bonne fête, Sarah, crisse !!! » (67) ou la satisfaction : « J’aime ça icitte, moé, crisse. J’aime ça travailler icitte, tabarnak. » (80).
La force et l’intensité des émotions déterminent le nombre des sacres introduits dans la parole : plus les personnages sont excités, plus ils sacrent. Voici un extrait où Cindy qui parle est relativement calme :
Là, on s’est croisés dans l’ostie d’escalier qui m’nait aux bécosses. P’tits crisses de sourires, yeux cross-sides, frôlage de bras en descendant l’ostie d’escalier, le classique, là, câlisse. Rendus en bas, sacrament, de même, estie, sans rien s’dire, crisse, on s’met à s’frencher la yeule grande ouverte, viarge. On s’crissait quasiment des coups d’langue dins trous d’nez, s’tie, tellement on était énarvés. Pis là, sacrament, fouille dans l’chandail, détache un ostie de bouton quèque part, liche un crisse de boutte de peau pis, viarge, de tripotage en lichage… j’ai fini par fourrer dins osties d’toilettes du Pacini ! (43)
et voici un extrait où elle est emportée :
Crisse de tabarnak, j’suis une ostie de chienne à marde de crisse de t’câlisser toute ça dans ton ostie d’face, sacrament de câlisse. Ça m’intéresse crissement pas les osties d’niaiseries qui t’arrivent, estie, dans ta crisse d’estie de vie, câlisse. J’peux pas, viarge, j’peux pas te faire croire, estie, qu’on est des crisses de grandes chums, estie de câlisse, on n’est pas des crisses d’osties de grandes chums, câlisse. Sacrament d’crisse d’estie s’cuse-moi. (108)
Ce qu’elle dit là a plutôt l’air des tours qu’on inventait à l’époque pour le jeu populaire Concours de sacres pour montrer ses capacités exceptionnelles de réunir le plus possible de sacres dans une tournure injurieuse.8
Souvent, les sacres sont prononcés par les personnages de la pièce sans aucun objectif communicatif étant dépourvus de toute charge émotive. Dans ce cas, les jurons sont utilisés comme mots béquilles et ne font que remplir les pauses quand le sujet parlant a du mal à formuler son idée ou n’ose pas le faire sur-le-champ :
J’voulais... c’est juste que... crisse... j’voulais juste... estie... j’voulais que ben... j’avais crissement envie de t’dire que... ben... c’est niaiseux, là... crisse d’estie... je voulais juste... crisse... peut-être... […] C’est juste que… crisse… j’voulais te dire que j’trouve ça crissement crisse de ta part de.... ben... de répondre à l’ostie de Sarah quand a m’saute dessus pis toute, là. (103)
Certains linguistes considèrent qu’un pareil emploi des jurons représente un moyen de ponctuation orale qui permet de rythmer la parole, de la diviser en syntagmes9 : « Ça arrive tout l’temps, crisse, ce genre de crisse d’affaire-là d’marde, crisse. Pis là ben crisse, ça arrive si crissement souvent ce genre de crisses d’affaires-là d’marde que ça a l’air d’être crissement arrangé. » (57) Il y a eu des critiques affirmant que ce modèle d’utilisation des sacres serait, dans la pièce, le symbole de l’insuffisance de la langue québécoise10, de sa pauvreté lexicale et stylistique par rapport au français standard. À notre avis, cette utilisation abondante des sacres est due plutôt au bas niveau de la culture de ces quatre femmes, à l’insuffisance de leur vocabulaire à elles et non pas à l’insuffisance de la langue comme telle, d’ailleurs une portion supplémentaire de jurons accompagne inévitablement toutes leurs tentatives d’exprimer l’inexprimable dans le cadre du discours que ces personnages ne maîtrisent pas, en parlant, par exemple, des choses abstraites :
Comme si, sacrament, y avait quèque chose de... de crissement crisse... de plus fort que crisse... que nous autres, que nos osties de vies, viarge. T’sé, crisse, c’est... ça nous dépasse en sacrament, c’est comme toucher à quèque chose de crissement... plus, crisse, grand, estie d’viarge. Là, câlisse, on s’est laissé aller, sacrament, sans essayer de... câlisse... quèque chose de fort, viarge, de plus fort en estie d’crisse. Des fois, estie, on s’parle, crisse, on essaye, câlisse, que ça soye... t’sé viarge, clair, pis, sacrament, on y arrive pas câlisse. Pis là, viarge, sans rien s’dire... (46-47)
Les personnages de la pièce utilisent les sacres non seulement en tant qu’interjections, mais aussi ils exploitent largement la capacité exceptionnelle des jurons québécois de former des mots nouveaux. En effet, dans la plupart des langues l’interjection injurieuse ne donne pas de dérivés morphologiques, parce qu’elle-même représente déjà une transposition morphologique ou syntaxique d’un mot plein, par exemple, le verbe français emmerder vient du substantif qui désigne les excréments et non du juron merde ! Dans la langue québécoise, c’est tout le contraire : les sacres sont très productifs sur le plan dérivationnel bien qu’ils soient formés à partir des noms déjà existant dans la langue. Ainsi, les verbes crisser et décrisser ou l’adverbe crissement viennent du juron crisse et non du nom Christ. De cette manière, tabarnak se transforme en s’en tabarnaquer, câlisse en câlisser et câlissement, etc. :
Attention, Marti, tu câlisses ta crisse de manche dans l’ostie d’sauce. (103)
On s’en tabarnaque de d’ça qu’ce soit les crisses de céréales ou bedon’ les crisses de pâtes ou bedon’ les crisses de fibres qui nous font chier plus mou, cibole. (20)
Moi, j’vas décrisser d’icitte crissement au plus crisse pendant que vous autres vous allez continuer à vous ostiner à savoir si on met d’l’ostie d’dinde pressée dans le câlisse de club sandwich ou bedon’ si on garde les crisses de restes de sauce à egg roll pour mettre avec les crisses de fish’n chip. (39-40)
Si t’es crissement pas ben icitte, Sarah, décrisse, câlisse. (115)
T’es pas juste en r’tard, Marti, t’es câlissement en r’tard. (50)
Ces mots nouveaux ont un sens très large et sont compréhensibles seulement dans un contexte donné.
On peut y ajouter de nombreuses réalisations syntaxiques des sacres qui fonctionnent, leur forme restant intacte, comme des noms ou adverbes d’intensification. Les sacres peuvent être employés encore comme appositions pour exprimer son attitude négative envers quelque chose ou quelqu’un et présenter un terme neutre comme insulte :
Si le gros crisse de Beaunier trouve de ton ostie de cendre dans sa câlisse de soupe, c’est moi qui va encore manger de la crisse de marde. (35)
J’avais jamais vu ça d’ma crisse de vie. Ça m’a rendu sèche comme un ostie de biscuit soda. J’avais câlissement pas envie d’sentir ses osties verrues de cornichon dans mon smoked meat. (32)
En tout cas, Armande, j’aime ça en tabarnak la crisse de job. J’veux pas dire que... câlisse... quand t’étais là aussi, j’aimais ça en tabarnak, mais là, c’est... (134)
Avant, sacrament, tu t’acharnais de toutes tes osties d’faces possibles de crisse de victime parfaite pour que l’ostie qui t’saute d’ssus à pieds joints, que c’t’ostie-là file cheap en câlisse. Pis c’t’ostie-là finissait par se sentir tellement crissement mal qu’y te crissait patience ou même s’en voulait un câlisse de minimum d’avoir profité d’l’ostie d’occasion pour te varger d’ssus, sacrament. (107)
Dans le dernier exemple, on voit un sacre (ostie) qui, sans aucune transformation formelle et sans aucun mot supplémentaire, est employé comme nomination d’une personne avec le but de l’insulter. Cela est en désaccord avec la théorie traditionnelle qui traite le juron comme mot non-communicatif, parce qu’il ne s’adresse à personne, ne demande pas de réaction et ne sert qu’à exprimer son mécontentement général de l’état des choses, il est impressif et non pas agressif.11 L’exemple ci-dessus prouve que les jurons québécois peuvent être agressifs envers les participants, directs ou indirects, à l’acte de la communication et servir de nominations péjoratives des personnes ou des objets.
Dans Sauce brune, Simon Boudreault, en explorant le vocabulaire sacré québécois, découvre ses capacités illimitées d’exprimer n’importe quelles idées avec des mots qui désignent, à la fois, tout et rien. Les sacres assaisonnent les propos des personnages, tout comme la sauce brune couvre les frites et le fromage dans la poutine. Cette sauce est un des symboles du Québec, mais pas celui dont on est fier. Cependant ce n’est pas le cas des sacres : malgré la grossièreté apparente, c’est quelque chose qui permet de se comprendre quand les mots sont inefficaces et qui fait partie du patrimoine national du Québec.
Bibliographie
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Note
↑ 1 J. Michel, « Sacrée pièce », L’Actualité, 15 mars 2009, p. 67
↑ 2 S. Boudreault, Sauce brune, Montréal, Dramaturges Editeurs, 2010. Les chiffres à la fin des citations renvoient aux pages de cette édition.
↑ 3 M.-C. Blais, « Les Schtroumpfettes brunes », La Presse, 14 mars 2009, p. 16.
↑ 4 Voir, p.ex., A. Bougaïeff, C. Légaré, L’Empire du sacre québécois: étude sémiolinguistique d’un intensif populaire, Québec, Presses de l’Université de Québec, 1984, p. 29-57 ; J.-P. Pichette, Le Guide raisonné des jurons: langue, littérature, histoire et dictionnaire des jurons, Montréal, Les Quinze, 1980, p. 32-40.
↑ 5 Remarquons que les sacres de base eux-mêmes représentent des modifications phonétiques et/ou orthographiques des termes religieux, ce qui permet, d’après Diane Vincent, d’opposer les usages sacrés et profanes des mots d’église.
↑ 6 G. Charest, Sacres et blasphèmes québécois, Montréal, Québec-Amérique, 1980, p. 32-33.
↑ 7 Tous les mots inscrits en caractère gras : c’est nous qui soulignons
↑ 8 Pour le concours de sacres voir : J.-P. Pichette, Le Guide raisonné des jurons: langue, littérature, histoire et dictionnaire des jurons, Montréal, Les Quinze, 1980, p. 85-86.
↑ 9 Voir, par exemple, V. Mikhaïline, « Les Gros mots en russe comme le code obscène masculin », dans V. Jelvis (textes réunis sous la dir. de), Zlaïa laïa maternaïa..., Moscou, Ladomir, 2005, p. 88 ; V. Jelvis, « Invective », Anthologie des genres du discours : communication quotidienne, Moscou, Labirint, 2007, p. 187.
↑ 10 Voir, par exemple, P. Couture, « Le secret est dans la sauce », Voir Montréal, 2 avril 2009, p. 8.
↑ 11 E. Benveniste, Problèmes de linguistique générale II, Paris, Gallimard, 1974, p. 256 ; P. Enckell, Dictionnaire des jurons, Paris, Presses Universitaires de France, 2004, p. 15-17.