Publifarum n° 15 - Francophonie et médias

Une expérience de radio francophone : Africa n° 1

Guy KALENDA (transcription par Laure Bianchini)



Abstract

Francese  | Inglese 

Professeur des Universités, journaliste et coordinateur d'antenne sur la radio panafricaine francophone Africa n°1 à Paris, ancien Directeur national de la Radio et Télévision scolaire et Secrétaire Général de la Fonction Publique au Congo (RDC), Guy Kalenda Mutelwa est venu à Gênes, à l’occasion des «Journées de la francophonie» organisées par la Faculté de Langues et Littératures étrangères, pour nous présenter, dans le cadre du paysage radiophonique francophone, «quelque chose qu’il aime», la radio Africa n°1.

Le poète est parti, la radio a pris sa place
(Impasse des deux palais, Naguib Mahfouz)

Préambule

C’est avec un grand plaisir que j’ai accepté de venir parler de quelque chose que j’aime: de la radio. Quand on demande à un jeune homme, et je suis encore jeune, de parler d’une personne qu’il aime, il le fait avec beaucoup de plaisir ! Ce même plaisir m’habite en ce moment, celui de devoir parler de la radio Africa n°1. En préambule je voudrais dire que la radio est une fête et que celui qui fait de la radio est toujours en fête. En Afrique, la radio a encore beaucoup de beaux jours devant elle. Au quotidien, les Africains vivent avec la radio: la maman qui est au marché a son petit poste de radio à côté d’elle, le paysan aux champs laboure avec la radio qui passe de la musique, qui passe de l’information à ses côtés, le maçon, le peintre ont accroché à leur ceinture leur petit poste de radio. D’ailleurs, c’est simple: en Afrique, quand quelqu’un dit «ça a été dit à la radio», cela signifie que c’est la vérité, on ne discute pas ce qui a été dit à la radio. Je voudrais dire aussi que les gouvernements, les états, les officiels paniquent quand la radio ne marche pas. Ils viennent vous voir, ils viennent vous dire, à vous responsable d’une radio: «Pourquoi vous ne jouez pas aujourd’hui? Pourquoi la radio ne fonctionne-t-elle pas?». Parce qu’en Afrique, quand la radio ne marche pas, on croit qu’un coup d’état est en marche ou peut-être que le président est décédé ou que l’épouse du président est décédée (vous savez, dans nos pays, l’épouse du président, c’est la «présidente»), donc si la radio ne joue pas, on se demande si l’épouse du président ne serait pas décédée. Bref, tout ceci pour dire que la radio a une place énorme, une place de choix dans nos pays africains.

La force de la radio en Afrique

Depuis 1960, chaque nation, chaque pays a mis en place sa radio. Les chaînes de télévision sont arrivées beaucoup plus tard: on a commencé par la radio. Il a fallu qu’il y ait à un certain moment une radio capable de réunir et d’organiser les différentes radios nationales et vers les années 1982 à 1985 les différents chefs d’état des pays francophones d’Afrique se sont retrouvés à Libreville au Gabon et se sont dit: pourquoi ne ferions-nous pas une radio panafricaine, une radio qui parle dans une même langue, en un mot une radio francophone? Et c’est ainsi qu’est née l’idée de faire la radio Africa n°1, qui aujourd’hui célèbre ses 27 ans d’existence et pour laquelle je travaille depuis plusieurs années.

Nous sommes donc partis de Libreville: des chefs d’état ont mis de l’argent ensemble pour qu’une structure technique viable puisse prendre en charge cette idée, celle de mettre en place une radio qui s’adresse à tous les Africains parlant français. De prime abord, cela a été une forte bagarre, car les différents chefs d’état tenaient à ce que cette radio africaine diffuse également dans les langues importantes de chacun des pays. Il fallait choisir la langue majoritaire à chaque radio, par exemple, dans un pays comme le mien, le Congo, dans lequel il y a 450 dialectes: quelle langue le président à l’époque allait-il proposer comme langue représentative du Congo? Cette réalité est la même dans tous les autres pays d’Afrique. Ce problème se pose donc, il faut trancher. Je crois que les dirigeants de nos pays ont pris une décision que je qualifierais de tout à fait sage, et à ce moment-là, je pense qu’ils auraient eu le droit de se faire appeler «les sages de l’Afrique». Ils ont dit que l’on allait faire taire toutes les langues de nos nations et qu’on allait parler sur cette radio en français. Africa n°1 est devenue la seule radio émettant dans une seule langue depuis 1985, cette langue est le français.

Il a fallu alors mettre en place un personnel capable de pouvoir véhiculer l’information, le sport, les jeux, les sketches en français. Je vous assure que ce n’était pas gagné, parce que par exemple quand un Burundais parle, vous sentez tout de suite la différence avec le français d’un Malien, qui est différent à son tour de celui d’un Gabonais, et ainsi de suite. Il nous a fallu, au niveau de la radio Africa n°1, raser toutes ces différences, obliger tous nos journalistes et nos animateurs à adopter une langue «standard» sur les antennes de notre radio. Pour cela, nous avons signé des contrats avec le BELC à l’époque, le Bureau d’Enseignement de la Langue et de la Civilisation française. Je déplore la mort du BELC, car il nous a aidé énormément à former nos journalistes et nos animateurs, qui venaient pour des stages de trois, six ou neuf mois au BELC, puis qui pouvaient retourner à Libreville et tenir le micro à l’attention de tous nos auditeurs.

L’expérience Africa n°1 se met donc en place et nous nous retrouvons dix ans plus tard, en 1985. Feu le président Mitterrand convoque nos chefs d’état africains à la grande conférence, à la grande messe de la Francophonie, où tous les chefs d’État des pays amis de la France se sont réunisautour du président français François Mitterrand. On nous propose de mener une expérience: pourquoi, pendant quatre ou cinq mois, ne pas préparer cette expérience à Paris, avec une radio expérimentale qui pourrait diffuser à l’intention de tous les pays francophones africains les préparatifs de cette conférence? Nous sommes alors venus nous installer à Paris pendant trois mois, mais ces trois mois se sont mués en une année, durant la quelle nous avons fait des émissions politiques, de société, des jeux, pour dire aux Africains des pays francophones: «quand les chefs d’États africains viennent en France autour du chef d’État français, voilà les choses qu’ils se disent, voilà comment ils meublent leur temps, etc.» Et cette expérience s’est si bien déroulée qu’il a été décidé d’installer Africa n°1 à Paris. Il y a deux ans, nous avons célébré les quinze ans de cet événement.

La politique d’Africa n°1

Africa n°1 est une radio généraliste. On a souvent failli nous comparer à des radios communautaires, longtemps on a essayé de dire que, puisque nous étions une radio qui s’adressait aux Africains, nous étions une radio communautaire, une radio des Noirs. Nous ne sommes pas seulement une radio des Noirs, nous sommes une radio généraliste et nous traitons de tous les problèmes, bien qu’il soit parfois difficile d’accepter cette réalité.

Mais qu’y a-t-il dans le ventre d’Africa n°1? Cette radio est au départ une radio tout info. On a pensé donner l’occasion à l’Africain qui est dans son pays, mais aussi à l’Africain qui est en dehors de son pays, d’être toujours au courant de ce qui se passe en Afrique. Pourquoi? Quand vous prenez les journaux en ligne ou les journaux papier, tels que Le Monde ou Le Figaro à Paris, vous trouverez très peu d’informations sur les pays africains et pourtant Paris regorge de ressortissants des pays africains. Un Africain qui quitte son pays, par exemple un Ivoirien qui irait vivre au Sénégal, s’il n’a pas la radio ivoirienne à l’écoute, est complètement coupé de l’information de son pays. C’est pourquoi le point de départ d’Africa n°1 est celui d’informer les Africains, où qu’ils se trouvent, de ce qui se passe dans leur pays. Pour cela il nous a été obligatoire de mettre en place une radio «à quatre mains», c’est-à-dire qu’Africa n°1 n’émet pas seulement depuis un seul point, par exemple nous n’émettons pas seulement de Libreville. Nous avons deux points d’émission importants: Libreville et Paris, ce sont nos centres de base. Mais nous avons également, non de simples correspondants, mais des journalistes accompagnés de techniciens qui sont dans les capitales importantes des pays africains, par exemple à Dakar, au Sénégal. À Dakar, nous avons deux correspondants, accompagnés de deux ou trois techniciens équipés de petits émetteurs. Ils peuvent donc nous renvoyer l’information en temps et en heure. Cela veut dire que nous n’attendons pas qu’il se passe un jour pour dire que le président Wahad a dégommé son président de l’Assemblée parce qu’il avait peur que celui-ci ne se présente à la prochaine élection présidentielle! Nous annonçons les événements politiques en temps et en heure, nous traitons l’information en temps réel.

Au-delà des problèmes que nous avons rencontrés et que nous rencontrerons, tels des émetteurs mitraillés, des journalistes arrêtés, nous continuons notre information en nous positionnant dans le pays voisin et nous continuons à travailler. Il n’est pas toujours simple de donner l’occasion à chaque Africain, où qu’il soit, où qu’il se trouve, de savoir exactement ce qui se passe dans son pays. Le dernier événement en date avant que nous ne venions à Paris était les comptes du président Bongo, du Gabon, qui avaient été bloqués en France… Quelqu’un qui nous regarderait de l’extérieur se dirait: «On va voir s’ils vont parler de Bongo et de ses comptes». Nous en avons parlé. Nous en avons parlé à Paris, pour ne pas mettre en danger nos journalistes qui sont à Libreville. Donc nous, antenne de Paris, nous avons invité les personnes qui entraient en ligne de cause à venir en parler sur nos antennes. Et petit à petit, nos auditeurs apprécient cette neutralité, cette approche de la vérité.

De la musique et de la détente

Par ailleurs, nous sommes également la radio qui donne du bon temps à nos auditeurs. C’est pourquoi nous faisons énormément de musique sur Africa n°1, et nous avons cette grande chance d’avoir sur notre radio un grand artiste, M. Manu Dibango. Il est non seulement un artiste de talent, mais il est aussi la mémoire de la musique africaine. Il a fêté ses cinquante ans de musique et ce grand monsieur produit et présente chaque dimanche une émission intitulée Manu Dibango, sur Africa n°1. Pendant trois heures, il fait l’histoire de la musique africaine. Je peux vous assurer qu’on ne voit pas passer le temps. Il invite tout le monde: c’est Manu Dibango qui a fait connaître des jeunes, qui ensuite sont devenus des très grands: Papa Wemba, Koffi Olomidé, Youssou N’dour, et j’en passe. Il y a également des jeunes animateurs qui lui emboîtent le pas et qui essayent de présenter cette bonne musique. Nous ne faisons pas que de l’information, certes il en faut, et beaucoup,nous faisons également de la détente.

À la différence de radios comme NRJ, que j’aime beaucoup, ou comme d’autres radios jeunes, nous faisons une musique que nous expliquons. Nous ne passons pas des chansons pour les chansons, mais nous essayons de les expliquer, de faire comprendre que «ce que vous dites est bon, cette chanson-là peut passer», mais telle autre chanson, nous la jouons une fois, puis nous disons à nos auditeurs: «on ne la jouera plus, elle dit qu’un bon rappeur c’est celui qui siffle le policier quand il passe, alors non». Nous disons aux jeunes «ne tirez pas sur les policiers parce qu’ils représentent l’ordre». Et ainsi de suite. Je pourrais multiplier les exemples. C’est ce genre d’émissions que nous faisons, et nous invitions des DJ, nous invitons des jeunes qui font de la musique dans les boîtes de Paris pour qu’ils viennent sur nos antennes parler de leur musique.

Des émissions de société à une pédagogie de l’information

La troisième grosse partie de nos programmes sont les émissions de société. Aussi bien à Libreville qu’à Paris, nous examinons tous les faits de société, sans en éviter aucun et nous allons dans les détails: nous invitons des spécialistes qui viennent en parler. Dans les derniers mois, le phénomène des bandes a resurgi dans Paris, des jeunes qui quittent Montreuil, qui viennent se battre contre des jeunes qui viennent d’Evry à la gare du Nord: ce sont de véritables guerres, avec marteaux, machettes, chaînes de vélo, des armes et j’en passe. Ils tirent sur les policiers, sur la gendarmerie. Nous nous posons la question suivante: pourquoi ce retour à la violence des jeunes, et qui sont les jeunes qui constituent ces bandes? Nous allons facilement dans les banlieues et nous pouvons faire parler ces jeunes: nous mettons notre micro, évidemment caché, et nous posons la question. Les jeunes s’expriment: «… parce que les jeunes de Montreuil ont pris nos copines, parce que les jeunes inscrits à la Sorbonne se prennent pour les meilleurs et que nous, nous ne pouvons pas accéder à la Sorbonne, alors nous venons les attaquer chez eux…». Il y a une expression qui circule à Paris: «attaquer le taureau à domicile», c’est-à-dire quitter Evry et venir attaquer l’étudiant chez lui. Il y a une semaine, dans un collège ou dans un lycée, des jeunes sont entrés pour régler son compte à un élève. Et nous, tout de suite, nous saisissons cette occasion pour faire de la pédagogie: pourquoi ne faut-il pas faire cela et quelles sont les solutions? Nous invitons aussi bien des membres du gouvernement que des spécialistes de la jeunesse qui viennent en parler.

Ces problèmes de société sont vastes, nous allons dans tous les domaines, aucun ne nous échappe. Nous parlons même des difficultés dans les couples. Il y a des gens qui nous ont reproché, sur Africa n°1: «Il est quinze heures et dans votre émission Africa mix, même si c’est une émission de société, il y a ce monsieur qui vient et qui répond à des questions de la vie du couple: pourquoi il est difficile pour une femme de quarante ans d’avoir un enfant, etc.» Et nous répondons: «Est-ce qu’il y a des heures pour parler de ces problèmes? Nous ne faisons pas de la pornographie, nous parlons des réalités de la vie de tous les jours. Mais il y a une façon d’en parler: si on en parlait avec complaisance, en nous arrêtant sur les images «salées», ce serait différent. Lorsque le gouvernement français a stigmatisé le problème de nombreux enfants dans des familles polygames en France, à savoir un homme avec trois ou quatre femmes et donc, en conséquence, douze, quinze enfants, nous avons posé le problème à la radio: comment faire pour s’en sortir, dans un appartement avec deux ou trois chambres? Il fallait attaquer ce problème à la base et là on a donné des conseils à ces hommes qui sont arrivés en France et qui retournent au Mali, en Côte d’Ivoire, au Sénégal pour prendre une troisième, une quatrième épouse. On a dit: «Ecoutez, il y a des choses qu’il faut arrêter!». Alors comme ce sont des émissions interactives, les gens téléphonent, il y en a qui sont virulents et qui nous disent: «Mais pour qui vous vous prenez? Vous avez la science infuse? Pourquoi vous nous donnez ces conseils? Vous ne savez pas ce que sont nos coutumes». Nous répondons: «Si, nous sommes Africains comme vous, nous savons ce que nous disons». Ainsi, nous estimons, qu’à Africa n°1, nous participons de cette formation, de cette pédagogie vis-à-vis de cette population africaine en diaspora.

Une radio éducative et familiale

Comme beaucoup de radios généralistes, nous faisons beaucoup de jeux. Ce ne sont pas seulement des jeux pour gagner de l’argent ou des prix, il y en a bien sûr, mais ce sont surtout des jeux de pédagogie. Nous disons à nos auditeurs: «C’est vrai que vous pouvez aller jouer au PMU ou au loto» - et il y en a qui sont accros. Quand on va dans nos banlieues à Paris, pour les Africains qui jouent au loto à longueur de journée, c’est devenu une véritable maladie. Il faut donc essayer de les sortir de cela. Ce n’est pas aisé, mais nous nous battons pour cela au jour le jour, et nous créons des jeux à la radio, des occupations saines, qui font que nos auditeurs reviennent vers nous. Il est vrai qu’il s’agit d’un travail de longue haleine, mais nous pensons que nous évoluons. Je suis optimiste, parce qu’il y a des gens qui viennent témoigner à l’antenne et qui disent: «moi, j’étais tous les jours, du matin au soir, en train de jouer au loto», d’autant plus qu’il y a maintenant ce jeu immédiat: on touche de l’argent directement après avoir joué. Les gens y passent leurs journées, il y en a qui ont gagé leur mobilier et même leur fille pour de l’argent, en plein Paris! Il faut les aider, c’est pour cela que nous stigmatisons tout cela, nous disons que cela est mal, qu’il faut l’éviter. La radio est capable de cela, parce que le loto s’arrête à 18h et nous continuons à diffuser après cette heure-là. Comme nous diffusons vingt-quatre heures sur vingt-quatre, nous avons le temps d’en parler. Lorsque tout cela est baigné de bonne musique, les gens écoutent. Ils écoutent et disent: «Ah oui, c’est après cette belle chanson de Youssou N’Dour que vous avez dit cela». La chanson devient la référence, et ainsi, nous pouvons continuer à avoir notre auditoire avec nous.

La radio Africa n°1 reste également le trait d’union, entre les Africains d’un pays à l’autre, mais également pour les Africains de la diaspora vis-à-vis du continent. Nous faisons ce qu’on a connu sur les radios ici dans le temps, c’est-à-dire que pendant une heure, les gens peuvent envoyer leurs messages. «Je m’appelle Guy Kalenda, je recherche mon frère Paul Lumbala, qui nous a quittés il y a dix ans et qui est parti en Côte d’Ivoire. Depuis lors nous n’avons plus de nouvelles. S’il nous écoute, qu’il m’écrive, voilà mon adresse mail, mon numéro de téléphone». Et cela fonctionne: les gens retrouvent les leurs, ils nous le disent, ils nous écrivent: «Vous avez passé mon message trois ou quatre fois, notre frère nous a écrit, nous l’avons retrouvé, nous allons le rencontrer». Quand nous passons ce papier à l’antenne, cela donne du baume au cœur, les gens sont très contents. Dans tous ces pays d’Afrique Centrale qui ont connu la guerre, les gens se sont dispersés, les réfugiés se sont déplacés d’un pays à l’autre, certaines personnes ont traversé toute l’Afrique, venant du Rwanda, du Burundi, du Congo-Kinshasa, ils sont arrivés en Algérie, ils ont traversé le désert. On a perdu leur trace, et aujourd’hui ils écrivent àradio Africa n°1, et nous diffusons leur signalement pour que leurs parents les retrouvent. C’est un plaisir partagé lorsqu’on peut annoncer ces nouvelles à l’antenne et que quelque temps après, on reçoit un feed-back nous disant: «J’ai retrouvé mon frère, mon ami, un ancien collègue de classe et maintenant nous pouvons à nouveau correspondre». Ceci représente donc une grande partie de nos émissions également, grâce auxquelles les gens restent en contact les uns avec les autres.

Une radio en expansion

Africa n°1 compte trente millions d’auditeurs sur le continent, mais aujourd’hui nous avons de plus en plus d’auditeurs qui nous appellent de Chine, de Russie, des pays scandinaves, qui nous écrivent, parce que sommes présents sur Internet et que nous avons fait d’Internet une autre rédaction de notre radio. Nous avons à Paris, d’où est gérée Africa n°1 sur le Net, une dizaine de personnes qui ne font que de la radio sur Internet et qui mettent à jour les nouvelles et les différentes rubriques toutes les heures, de sorte que l’on ne soit pas dépassé et que les nouvelles soient fraîches. D’autre part, il y a la radio parlée, le micro. Sur une journée, nous diffusons plus de vingt-cinq journaux parlés, ce qui est énorme. Nous fournissons de plus un effort pour ne pas rendre ces journaux répétitifs. Cela représente beaucoup de travail, c’est pourquoi nous nous partageons la tâche en les faisant une fois à Paris, une fois à Libreville, ce qui nous permet de rafraîchir nos nouvelles. Ainsi, certains gros titres restent en permanence sur une demi-journée mais des titres subsidiaires peuvent changer toutes les heures. Évidemment, il nous faut des gens qui lisent les dépêches d’agence, qui écoutent les correspondants. Nous avons un réseau d’environ quarante correspondants à travers l’Afrique, ils appellent à tout moment et envoient des nouvelles fraîches.

Africa n°1 possède également, dans seize grandes capitales d’Afrique, des émetteurs FM puissants. Ces émetteurs sont relayés par des émetteurs de seconde force dans les villes importantes. Pour un pays comme le Congo, à Kinshasa, il y a un gros émetteur FM, mais ce gros émetteur FM renvoie sur Kananga, Chikapa, Lugumbashi et Kisangani des relais d’Africa n°1. Chose curieuse, des radios privées nous écrivent pour nous demander l’autorisation de prendre, à un relai également, notre signal, parce que nous avons une émission que les Africains aiment énormément, une émission de contes. Il s'agit de contes mystérieux, où l’on raconte l'histoire de gens qui sortent des tombeaux, des mains qui avancent, etc. Les gens aiment ça chez nous! Alors on nous demande l’autorisation de prendre en relai ces émissions, nous la donnons gracieusement, car pour nous, c’est un plus.

Je termine par une chose propre à l’Afrique: les matchs de football. Nous faisons des reportages de match dans les grands stades d’Afrique: la Coupe d’Afrique des nations, la Champions League africaine, etc. C’est très curieux: quelqu’un est au stade, il suit le match, mais il a également sa radio à l’oreille et des discussions naissent parce que celui qui a sa radio dit: «Le journaliste dit que ce n’est pas hors jeu. – Mais l’arbitre a sifflé hors-jeu». Et parfois ça va jusqu’à la bagarre. Bref, ceci pour vous dire que la radio a de très beaux jours devant elle.


 

Dipartimento di Lingue e Culture Moderne - Università di Genova
Open Access Journal - ISSN 1824-7482