Publifarum n° 35 - Écritures mélomanes

Entretien avec Benoît Vincent

Elisa Bricco



« Benoît Vincent est botaniste, instinien, webiste, développeur géographe, méridional, guitariste, rhizomal »1, ainsi Guénaël Boutouillet présente de manière aussi concise que précise l’écrivain français, originaire de la Drôme et vivant Gênes, qui a publié des ouvrages très variés en ce qui concerne le genre, la forme et le support.

Son premier livre, le récit Farigoule Bastard, est paru en 2015 chez Le Nouvel Attila et a reçu le Prix Jean Follain. On y suit les tribulations et les méditations d’un berger de Haute-Provence, racontées dans une langue très particulière où le provençal côtoie le français littéraire. Il a ensuite participé à différents projets du collectif artistique Général Instin : au récit collectif Climax, et à la traduction de l’Anthologie de Spoon River d’Edgar Lee Masters, parus respectivement en 2015 et 2017 dans la collection « Othello » du Nouvel Attila. Toujours chez le même éditeur en 2017 est paru un ouvrage encyclopédique et narratif sur la ville de Gênes, issu de l’hypertexte en ligne sur les “villes épuisées” auquel Vincent a travaillé pendant presque dix ans. Dans GEnove on est convié à parcourir la ville dans son espace, dans son histoire, dans sa culture et dans sa langue aussi. Il est également le co-responsable de la revue en ligne Hors-sol, qu'il anime avec Parham Shahrjerdi. Son dernier ouvrage est un ensemble d’essais, La Littérature inquiète, paru en 2020 chez Publie.net.

Nous avons invité Benoît Vincent dans le cadre du colloque « Écritures mélomanes » parce qu’il a également publié, toujours chez Publie.net, deux textes sur le rock, Local Héros sur Mark Knopfler de Dire Straits en 2016 et Un de ces jours sur Pink Floyd, en 2018. Un troisième volume devrait suivre, sur Prince (Avalanche).

Il a également joué dans des groupes de rock, et a chanté, dans la rue, des standards du rock : c’est un connaisseur qui s’intéresse au rock, à son esthétique et à son impact sur les amateurs, sur les jeunes et sur la société.

Afin de mieux situer son approche, nous citerons deux extraits de Sisyphe inconstant. Réflexions décousues sur le rock, présent en ligne sur son site, Ambo(i)lati :

Avertissement 1.
De nombreux échanges sur les réseaux sociaux ainsi qu’une lecture plus critique de son histoire et de son esthétique m’ont mené à de non moins nombreuses réflexions sur le rock, dont on ne sait à la fin si on doit le qualifier de genre, de mode, de culture, de mouvement…

Avertissement 2.
J’ai choisi la figure de Sisyphe, bien que “déjà prise” par Camus, parce que je n’ai pas trouvé d’autre figure qui résume à ce point le “problème” du rock. (C’est évidemment pour d’autres raisons que celles de Camus).
Cette pierre qui roule sans cesse, poussée par celui qui a réussi à déjouer la mort, quelle image pourrait mieux définir le rock ?

Elisa Bricco : Les deux ouvrages que tu as publiés dans la collection « Rock » de Publie.net concernent deux groupes, Dire Straits et Pink Floyd et ils s’insèrent dans un projet de grande envergure sur le rock, sur sa fonction et sur son histoire. Pourrais-tu illustrer ce projet ?

Benoît Vincent : Plus que sur le rock c’est, à travers le rock, une tentative de réflexion ou de divagation sur la contre-culture, c’est-à-dire sur toute une partie de la culture contemporaine qui se pose ou se définit de manière alternative à une autre partie de la culture qui, par conséquent, devient la culture « officielle ». J’ai toujours trouvé… louche l’idée que quelqu’un quelque part décrète ce genre de dichotomies, et c’est cela que je souhaitais interroger. Comme j’ai grandi, justement en me pensant alternatif, ou en validant cette altérité, en particulier avec le rock, que je connais bien et que j’ai beaucoup écouté et que j’écoute encore beaucoup, j’ai une fascination pour certains groupes, ou mouvements, ou instruments même, et c’était plus naturel pour moi d’aborder mon thème par le rock que par, disons, le cinéma, les comics ou les mangas, ou la mode… Dans des travaux plus objectifs, je m’attelle tout de même à la théorie, Adorno. Le rock autorise la fiction...

Elisa Bricco : En lisant les deux textes on s’aperçoit rapidement qu’il se rapprochent par une série de points communs concernant aussi bien le style que d’écriture : tu choisis par exemple de traduire les textes et les titres des chansons, ainsi, d’une certaine manière, tu les apprivoises en les ramenant à un contexte tout à fait français. Et le paratexte joue un rôle dans ce sens aussi vu que les chapitres sont appelés, de manière évocatrice, « pistes ».

Toutefois, au-delà de ces éléments communs, les deux récits sont très différents dans le contenu et dans la relation que tu entretiens avec les deux sujets, tant qu’on pourrait imaginer que tes motivations sont également différentes. Quelles sont les objectifs que tu voulais atteindre en construisant ces deux projets ?

Benoît Vincent : C’est une question qui rejoint directement la première : une fois que j’ai pensé écrire sur le rock, par où commencer ? Par qui ou sur qui s’appuyer ou contre qui ?

J’avais l’embarras du choix : les groupes que j’ai le plus aimés dans ma jeunesse, donc ceux qui me sont le plus familiers, sont, sans conteste, les Rolling Stones et Pink Floyd. Aujourd’hui j’écoute beaucoup plus facilement du post-punk ou du funk et, bien souvent, le rock en tant que tel me tombe des oreilles.

Il y a une multitude de groupes qui posent des questions esthétiques : les Who, Lou Reed, pour parler des classiques ; presque tout le mouvement punk/new-wave/post-punk, mais aussi Queen ou Black Sabbath, Roxy Music ou Captain Beefheart ; Björk, Beck ou Pj Harvey pour ce qui est de ma génération ; aujourd’hui, je ne sais même pas ce qui sort… ça ne m’intéresse plus.

Là intervient mon ami Gilles Amiel de Ménard, qui a à peu près tout entendu et tout écouté, et qui est, en outre, ingénieur du son. Les discussions qu’on a sur le rock (et le jazz) sont très longues, et très fournies. C’est probablement d’elles que j’ai tiré les premiers éléments de réflexion.

On se demandait comment articuler, en quelque sorte, les esthétiques, mettons, de Queen, Gang of Four et Dire Straits : les équilibres, les excès, les choses qui fonctionnent, les fautes de goût…

J’ai alors compris que ce sur quoi je travaillais ce n’était pas tellement le genre ou les personnes, mais le problème de la forme. Mon objet était esthétique. Quelle peut être l’esthétique du rock ?  C’est-à-dire comment et pourquoi l’esthétique d’un art populaire ? Même, j’irai plus loin, mon travail sur la contre-culture se sert de l’esthétique, tout comme l’esthétique se nourrit du rock.

Et pour répondre finalement, je résume le choix des artistes dans le troisième volume qui devrait paraître (Avalanche, sur ou avec Prince) : « Local héros examinait l’énigme de l’appel de la forme ; Un de ces jours exposait l’isolement de la forme aboutie ; Avalanche explore les frontières et limites du territoire de la forme. » Et bien sûr les approches sont différentes, par le fait que j’ai beaucoup aimé Dire Straits, mais je suis très critique sur leurs choix formels ; Pink Floyd, en revanche, représente pour moi une espèce d’aboutissement, Dark Side of The Moon étant la fin circonstanciée et objective de quelque chose qui s’appelle rock.

Elisa Bricco : Dans la description de la collection publie.rock, on trouve des informations utiles qui permettent d’apprécier pleinement tes ouvrages : « En tout cas pas des hagiographies, mais des tranches de vie traversées par une pulsion électrique, marquées par une musique, une esthétique, tout en s’attachant à suivre le conseil d’Yves Adrien (encore lui) : "Se méfier. De la nostalgie qui frappe et gagne à tous les coups. Des légendes dont on cimente les cultes et religions." Et toujours tirer la langue à la société. » Il me semble qu’il s’agit d’un véritable programme que la collection propose aux écrivains et je voudrais mettre l’accent sur la dimension de l’écriture et de la structure dans les ouvrages. En lisant tes ouvrages, on remarque un grand travail d’écriture, où il est difficile de cerner un genre en particulier vu la juxtaposition de discours divers : de celui concernant l’écoute amateur et savant, jusqu’à l’approche documentaire avec une visée que l’on pourrait définir encyclopédique. En outre, le sous-titre des deux ouvrages, « une fiction », donne une indication qui brouille encore plus les pistes de lecture. Quelle est la part de la fiction, de la documentation, mais aussi de l’autobiographie et du récit personnel dans ces ouvrages ?

Benoît Vincent : Ici on se heurte à l’un des nœuds de ma démarche. Je suis donc parti d’une espèce de recension : pourquoi Gang of Four marche comme forme, pourquoi Queen, malgré son grotesque, et justement parce qu’il l’assume, marche également, et pourquoi Dire Straits, malgré son succès incontestable, m’apparaît comme un échec formel. Il y a une prétendue objectivité là-dedans. Mais dresser des listes, attribuer des points, même si cela fait éminemment et paradoxalement partie de la contre-culture populaire, depuis le hit-parade au benchmarking, en passant par Télérama (si tant est que Télérama ait quoi que ce soit de populaire), n’a pas d’intérêt en soi. Pour ne pas céder à une simple facilité moderne, j’ai effectué les opérations citées : traduction des titres et des paroles, et, c’est vrai, accorporation à la sphère personnelle – et pour le coup, privée et largement adolescente.

C’est le problème du rock (mais sans doute aussi de la Bande dessinée, d’un certain cinéma de genre, des jeux vidéo) : son envergure formelle est plus que limitée, son imaginaire est sobre, son univers est romantique (donc déjà bien éprouvé dans le passé) ; en poussant le bouchon, on pourrait dire qu’il est aussi pauvre que ringard ! Or notre rapport à lui (et à ses collègues) est essentiellement lié aussi à ce qui fait son fond même, à savoir le passé, en l’occurrence l’adolescence. Le rock est par essence nostalgique, pas mélancolique. C’est pourquoi il me semble que passer par l’observation de son propre rapport à lui peut nous aider à dépasser ces/ses limites.

Dans ces ouvrages, je me base peu sur la documentation – en bon connaisseur, celle-ci est déjà plus ou moins assimilée – en revanche j’ai exploré, ou tenté de le faire, sans doute plus facilement avec Knopfler qu’avec Pink Floyd, mes propres sentiments de plaisir, de désir, d’assimilation, de révolte, etc. et, en particulier, sur la zone de l’être qui correspond à cela, l’adolescence, la vraie, ou bien ce qui reste d’adolescence dans nos corps et vies à présent que cet état est révolu.

Or cet état adolescent est pour moi une fiction elle-même ! Et le rock (et ses collègues), dans la société actuelle, ont cette fonction de maintenir plus ou moins vivace cet état, ou une zone brumeuse, hormonale de cette… muqueuse.

La mention fiction, pour toutes ces raisons, était donc évidente.

En revanche mon travail a quelque chose de critique (ou sens de l’activité critique), et partage rarement l’enthousiasme des amateurs de rock, ce qui pose d’ailleurs pas mal de quiproquos sur la réception de ces livres. On m’a par exemple reproché de « briser le mythe » en traduisant les titres des chansons. C’est peut-être fait exprès : que dirait-on des chansons qui ânonnent à l’envi, pendant quarante années, « Ce soir, bébé, bébé ce soir, oui, han, bébé, saute, oui, sois chaude » dans n’importe quelle autre langue que l’anglais ?

Et pour revenir à ta question, je trouve la citation d’Yves Adrien précisément problématique : ne pas élever de culte (on l’a tous fait, on le fait tous) aux stars, mais tirer la langue, me paraît une légende, d’ailleurs aussi menteuse qu’inutile, socialement/politiquement, si on veut.

Intermède 1 : Lecture de « Hommes de boue », dans Un de ces jours, et écoute de Mudmen de Pink Floyd.

Homme de boue
Les obsessions, on ne sait pas d’où elles viennent, comment elles s’installent, et à mon avis, il n’est pas utile de chercher à comprendre : elles sont là pour de bon…
En 2013, je traversais la France depuis la Drôme pour me rendre en Brenne suivre une formation. Je venais d’acquérir une voiture qui – hasard - vient de rendre l’âme. J’avais fait une halte chez des amis à Clermont-Ferrand. Peu après Clermont, sur une bretelle d’autoroute, la voiture glissa sur une flaque d’huile et je fus à deux doigts de perdre la voiture et la vie. Je parvins à la maintenir sur ses quatre roues et à ne pas m’écraser contre le mur de soutènement vers lequel je fonçais ; je réussis à redémarrer avant le choc des autres voitures qui déambulaient derrière. Je repartis, sonné. La formation se passa dans une drôle d’atmosphère, fébrile, reconnaissante. Je me souviens qu’aussi bien avant l’accident qu’après, et même pendant la formation, dans le lit superposé du dortoir où on était, j’avais une obsession : cette chanson de Pink Floyd : Hommes de boue que j’écoutais littéralement « en boucle ».
C’est un instrumental : cela épargne la difficulté de la traduction du texte – mais cela rend les impressions, les sentiments, les paysages qui naissent de son écoute d’autant plus difficiles à décrire.
Ce qui m’avait frappé alors - et alors que je connaissais ce disque depuis l’adolescence -c’était combien cette chanson concentrait tout ce qu’allait devenir la musique de Pink Floyd, et en particulier La face cachée de la lune. Le disque où elle se trouvait, Masqué par les nuages, m’apparaissait comme une ébauche, une répétition pour le chef-d’œuvre. (p.9-10)

Elisa Bricco : Local héros est un ouvrage très dense, où des propositions diverses et parfois opposées se côtoient. Le discours concernant l’histoire du groupe accompagne les remarques sur la musique et les réflexions plus générales sur l’époque et sur le milieu du rock pendant les années 70. Je voudrais savoir quels sont pour toi les éléments les plus marquants de cette époque et qu’il est juste de tenir en compte encore aujourd’hui ?

Benoît Vincent : Sur le rock tu veux dire ? C’est bien la difficulté ! Dans un texte un peu théorique et un peu humoristique, En paraphrasant Pacôme Thiellement - grand herméneute de la culture populaire -, je dis que le rock est mort dans la nuit du 12 mai 1972 au 1er mars 1973, c’est-à-dire entre la parution d’Exile on Main St des Stones et celle de Dark Side of the Moon. Le rock comme forme venue du blues, qui a connu un voire deux âges d’or avant la British Invasion, n’a plus grand-chose à dire. Pour renaître il devra devenir autre chose qu’une simple grille de douze mesures sur trois accords. Comme je dis, cela va produire de belles choses : Bowie, Björk, que sais-je. Des trucs comme Lovage ou Adult Jazz ont évidemment une racine dans le rock. Sans parler de tout le post-punk, qui reste comme figé dans un espace très restreint mais qui parvient à l’arpenter avec des tas d’idées ou des influences qu’il a eues sur Nina Simone, sur Miles Davis, le cinéma, l’art, etc.

Malheureusement on commence à se rendre compte de manière très triste, et très dure aussi, que le rock, ce mouvement de la liberté, de l’émancipation même, n’était peut-être pas si « cool » que ça. Au-delà de tous les problèmes liés, en vrac, au show-business, aux contrats et au fric, à la drogue, à l’égocentrisme et au star-system, à l’aliénation (dont Pink Floyd est le témoignage évident), on réalise peu à peu aussi, surtout en France, plus qu’ailleurs parce qu’il est malgré tout exotique, un étranger qui a pris la place de la musique populaire locale (ou l’a largement englobée), alors même que la défiance envers le monde anglo-saxon était érigée en posture politique, on réalise peu à peu que le rock est l’une des formes d’un certain « soft power », individualiste, libéral…

Évidemment des artistes, parce que ce sont des écorchés ou des génies ou des malins, tirent leur épingle du jeu, et parviennent à accéder à une forme originale et intéressante (Tom Waits, Neu !), mais très vite le sujet s’épuise : alors qu’elle a exhorté à brûler vite, à mourir jeune, comment cette génération entrevoit la quarantaine, la cinquantaine, la retraite ? Souvent le résultat est dramatique pour ne pas dire pathétique. Alors qu’elle puise sa force dans l’adolescente (romantique en fait) comment devient-elle adulte ? Alors qu’elle est subversive, comment gère-t-elle son patrimoine accumulé sur des décennies ? Où est passé son aura cathartique ? 

On réalise aujourd’hui que c’était un peu une arnaque, cette histoire. (Et je ne parle que de rock, à partir des années 90, d’autres formes, encore plus commerciales, et encore plus ciblées sur les « jeunes » ont largement remplacé le rock comme engin contestataire ou tout au moins d’identité adolescente.)

C’est cette hypothèse que j’explore dans ces textes, il n’y a peut-être pas de contre-culture, en jouant si j’ose dire, entre l’individu et a forme, ces deux points aveugles.

Intermède 2 : Lecture de « Se faire des films », Piste 2 de Local héros.

On s’exercera en secret sans doute – ou bien on n’y croit pas trop, tout d’abord – on n’oserait pas y croire.
On a pourtant une guitare, déjà, une guitare belle et rouge comme celle des types à la télévision (on découvre avec la télévision le rock le cinéma les jeans les cigarettes tout un monde qui nous paraît si lointain, si neuf, si brillant, tout d’un coup, tout en même temps, on n’a pas assez d’yeux pour tout avaler, on n’a pas assez d’âge pour tout saisir, il nous faut un statut nouveau un temps pour nous d’adolescent ; ce monde porte un nom, et ce nom est US. US est fait pour nous, comment pouvaient-ils savoir. Nos héritiers. Nos féaux. Nos fils.). Une guitare qu’on dit électrique, mais on n’a rien pour la brancher dessus, on n’a pas d’amplificateur, déjà 15£ en 1964, c’est beaucoup d’argent.
On fait ses armes dessus, tout de même. On va dépiauter une radio déglinguée pour faire office d’amplificateur, et la fée électricité se charge d’un truc en plus ; tout le bois flotté du sud, les mains noires, la sueur et le fouet, tout ça en un éclair ! Un éclair !
(Déjà à ce moment-là, une autre aventure se lance, une aventure d’autres fils du pays ; en 1964, ces fils-là font savoir au monde qu’il passera, coûte que coûte, qu’il passera par eux. Eux c’est-à-dire fondamentalement US. Des types avides, des petites frappes, qui vont se payer de cigarettes, de jeans, puis de rock et de cinéma, qui sait, de filles, de drogue, tout ce qui représente le contraire d’ici, c’est US, le renversement de ce pays et le renversement de cette ville, c’est US, la statue de Churchill et avec elle celle de la reine Elizabeth et celle de la reine Victoria, et avec elles celles des Cromwell Becket Boylen Richard Guillaume Richard Egbert et compagnie, c’est US, on veut un autre monde, US, et on va le créer de nos mains, US, US, US !)
Tu le répètes à l’envi ce rêve-là : dream about. Tu le récites, tu apprends ton rôle par cœur ; tu sais que c’est toi, et si vous êtes dix quand même tu sais que c’est dix toi quand même, parce que c’est US ! Comme eux, toi aussi, tu en as rêvé, toi aussi tu t’en es fait des films des concerts des parties pleines de drogues et de filles. Comme eux, toi, ce rêve, c’est US.
Tu sais : se mouvant dans la foule, sans peur, la nuit, et la musique est forte. Tu connais ça, n’est-ce pas ?
C’est US.
La radio (mais n’importe quel média en vérité, pourquoi pas un concert), la radio ou n’importe quel média en vérité pourquoi pas un concert balance du rock’n’roll, alors tu entends ce rock’n’roll, et il revient encore, ce rêve de rock’n’roll ; tu te fais des films, sur place, tu ne sais pas ce que ça veut dire, mais la musique fait en sorte que tu revendiques ta place dans l’histoire, et l’histoire c’est la chanson et la chanson peu importe laquelle est-ce, la chanson c’est sur la radio ou n’importe quel média en vérité pourquoi pas un concert.


Note

↑ 1 Citation présente dans la page web consacrée à Farigoule Bastard de Benoît Vincent, de l’éditeur Le Nouvel Attila. URL : http://www.lenouvelattila.fr/farigoule-bastard/


 

Dipartimento di Lingue e Culture Moderne - Università di Genova
Open Access Journal - ISSN électronique 1824-7482