L'art sauvage de l'autobiographie : les graffiti corporels chez Cesare Lombroso
Abstract
Dans son étude sur le tatouage , Alexandre Lacassagne cite une scène des Mémoires de Vidocq (chap. 19, p. 230), où l'auteur, lors d'un duel, observe le bras de son adversaire, sur lequel est tatouée la figure d'une ancre et d'un serpent. "Je vois la queue, m'écriai-je. Gare à la tête… […] J'avais deviné la place de la tête du serpent qui venait comme […] mordre l'extrémité du sein, et c'est là que j'avais visé". Vidocq porte là, au téton droit, un coup mortel. Comme dans cette brève scène, qui pourrait faire office de parabole de l'approche de Lombroso, le tatouage indique, chez le médecin italien, l'endroit où l'on peut mettre un individu à mort. Lombroso fait en effet du tatouage, du moins de certaines pratiques du tatouage, le signe indubitable du criminel-né, donc susceptible d'être condamné à cette mort symbolique qu'est l'emprisonnement à perpétuité.