Narcisse et la chimère : la maxime au miroir de la fable.

Autori

  • Federico Corradi Università l'Orientale - Napoli

Parole chiave:

La Fontaine, La Rochefaucauld, fables, maximes

Abstract

Dans L’homme et son image, La Fontaine rend hommage à la poétique des Maximes, en mettant en scène par une figuration allégorique leur protocole de réception. Pourtant, le fabuliste marque à la fois la proximité et la distance entre le monde des Fables et celui des Maximes. Si l’anthropologie qui fonde les deux œuvres est à peu près la même, la relation au lecteur est bien différente. Le lecteur de La Rochefoucauld est d’une certaine manière pris au piège, séduit par la beauté esthétique, par la rhétorique aveuglante des maximes pour être ensuite confronté à une représentation quasi insoutenable de lui-même. L’homme et son image se clôt précisément sur ce face-à-face horrifié: Narcisse paralysé par le reflet de son image nue. Cette conclusion remarquable évoque l’alliance paradoxale, réalisée par La Rochefoucauld, entre la rigueur formelle, l’éclat du style et une vision exceptionnellement dysphorique de la condition humaine, présentée sans ménagements au destinataire. La fable montre une plus grande indulgence pour ses lecteurs, car elle a recours au voile de l’allégorie, à la fiction enfantine des animaux humanisés, qui leur assure un plaisir régressif voilant d’une fiction badine l’image déplaisante de l’âme humaine qu’elle véhicule. Ce texte, pourtant, n’articule pas l’hommage uniquement au niveau du contenu, mais aussi au niveau de la forme. La Fontaine est maître dans les contaminations subtiles entre les genres: ici, il mime l’effet et le fonctionnement de la maxime en contaminant la fable avec des genres proches comme l’épigramme et l’emblème.

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Pubblicato

2020-09-02