L’usage de la chanson dans "Les Années" d’Annie Ernaux : les qualités mémorielles de l’émotion musicale
DOI:
https://doi.org/10.15167/1824-7482/pbfrm2021.35.1955Abstract
Dans le récit Les Années (2008), qu’Annie Ernaux qualifie « d’autobiographie impersonnelle », les souvenirs s’égrènent au gré d’une énonciation entremêlant mémoire individuelle et mémoire collective. Les chansons populaires y occupent une place importante, comme marqueurs de générations mais aussi marqueurs de l’époque s’imprimant à son insu sur une mémoire. Voix du collectif, elles offrent néanmoins une voie singulière pour l’individuation par le jeu des affects et de leur ancrage mémoriel. Cette dialectique se retrouve dans le lien singulier que la chanson, et notamment son inclination à l’itération, entretient avec le sentiment du temps que la narratrice cherche à restituer, celui d’une durée diffuse animée d’une tension dramatique du désir, offrant une alternative au sentiment tragique du temps photographique. L’article, prenant appui sur cette opposition entre photographie et chanson, explore les émotions mémorielles propres à ce genre musical et la façon dont elles sont restituées dans l’écriture de ce récit.
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