« Brèche dans l’écoute » : écrire « avec la musique » dans "La Troisième Main" de Michèle Finck

Autori

  • Irène Gayraud CRLC – Sorbonne Université

DOI:

https://doi.org/10.15167/1824-7482/pbfrm2021.35.1958

Abstract

Cet article examine un cas très spécifique d’écriture mélomane centré sur la traduction des émotions musicales : le recueil de poésie La Troisième Main de Michèle Finck (Arfuyen, 2015). Ce recueil est né d’une expérience d’écriture singulière : la poétesse, momentanément aveugle à la suite d’une opération des yeux connaît, dans le noir total, une plongée dans la musique et un approfondissement de l’écoute. L’œil refermé fait éclore et s’ouvrir, plus que jamais, l’oreille, qui accueille, qui souffre, qui jouit et qui, souvent, s’interroge par l’écriture. Le dispositif du recueil est original, inédit : chaque poème est accompagné du titre d’une œuvre musicale, du nom du compositeur et des interprètes, parfois également de la citation de paroles chantées, avec leur traduction. Chaque poème devient donc à la fois traduction d’une écoute et d’émotions vécues lors de l’écoute, et désir d’inclusion de l’œuvre musicale dans la poésie elle-même. Si l’expérience d’écriture de ce recueil est singulière, l’expérience de lecture l’est aussi car, grâce aux informations liminaires sur le titre de l’œuvre musicale donnant naissance au poème, elle fait appel à la mémoire musicale et émotionnelle du lecteur, voire convie à une écoute et une lecture simultanées, ou à la réécoute à travers le poème.

Pubblicato

2021-12-16 — Aggiornato il 2022-04-30

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(S’)écouter, (s’)écrire : la mélomanie comme moteur du récit de soi