Métaphore et autofiction chez Chloé Delaume
Mots-clés :
Chloé Delaume, processus métaphorique, narration autofictionnelleRésumé
Si la métaphore ne peut pas être réduite à une catégorie descriptive caractérisée par l’écart, puisqu’elle manifeste le point de vue d’un sujet sur le monde à partir d’une « relation entre le mot, les réglages codifiés, l’interlocuteur et le réel » (Détrie, 2001: 17), alors son actualisation s’avère forcément cruciale dans les textes autofictifs où un sujet narrant se met lui-même en scène. La métaphorisation joue un rôle central dans la narration autofictive telle que Chloé Delaume la pratique : au moyen des métaphores, la narratrice essaye de « nommer pour autrui » (Détrie, 2001: 178) le traumatisme familial qui a marqué son enfance et l’élaboration identitaire complexe qui s’en est suivie. La métaphore se révèle ainsi être la voie argumentative (cf. Bonhomme, 2005) privilégiée d’une stratégie discursive visant à dire doublement l’indicible – dans la mesure où l’indicibilité concerne à la fois l’évènement traumatique et le sujet instable qui l’a subi. Je me propose donc de montrer comment l’énoncé métaphorique vient structurer l’autofiction de C. Delaume au fil de quelques récits où la narratrice s’engage dans une quête identitaire inquiète et laborieuse, tissée de renvois incessants à un passé impossible à refouler (notamment La Vanité des Somnambules, 2002; La Dernière Fille avant la guerre, 2007; Dans ma maison sous terre, 2009).